TREE FOX: Rough Road (1979/2017)

Encore un bon groupe issu de la Floride, un des états du Sud les plus prolifiques en matière de musique. Ce disque date de 1982 et pourrait illustrer une aventure d’Indiana Jones : « Á la recherche de l’album perdu ». Dès le premier morceau, on se rend compte que ces musiciens étaient d’un très bon niveau. En effet, « Big Train Rollin’ » donne dans l’excellent « Southern boogie » avec tout l’attirail de rigueur : mise en place parfaite, bons solos (orgue, slide et guitare en accordage standard), break à la tierce et solo de basse assez renversant. Le tout arrosé avec une saveur sudiste comme seuls les combos de Floride savent en distiller. Après ce début prometteur, les membres de Travis Moon continuent sur leur lancée et balancent des titres appréciables qui déclinent les divers courants de la musique du Sud. « Louisiana Lady » offre un petit « Southern rock » à la Wet Willie avec des guitares à la tierce pour le thème, un refrain mélodique, beaucoup de chœurs et un très bon solo de gratte. Le sympathique « Move it on » évoque le Johnny Van Zant des débuts avec les deux guitaristes qui se répondent sur le solo. Tous les ingrédients du blues-rock rapide « Georgia rain » font immanquablement penser à Point Blank (rythme, guitares harmonisées, construction des solos). Deux autres chansons éveillent également l’intérêt : « She’s gone » (un morceau en mode mineur mélodique au tempo enlevé avec des guitares à la tierce) et « Sail Away » (une ballade à la Marshall Tucker Band avec une flûte et la voix du chanteur ressemblant à celle de Doug Gray). « Do What You Gonna Do » marque un retour au bon vieux rock rapide avec un solo de piano et un duel bien costaud entre les deux guitaristes. « Roza Lee » reprend un peu la même recette avec une seule intervention de piano. Et puis, l’influence du Charlie Daniels Band se reconnaît sur « Memories » (cocktail de « El toreador » et de « Birmingham blues »). Après tout ça, on se demande pourquoi ce groupe n’a pas réussi à percer. Mais la course du rock est ainsi faite : beaucoup de participants et peu de vainqueurs. Cependant, avec un tel album, les mecs de Travis Moon peuvent être fiers d’avoir ajouté leur pierre à l’édifice du rock sudiste.
Olivier Aubry